Rappel :
Le
compostage est un processus naturel qui fait intervenir une
microflore aérobie, abondante et variée (bactéries, actinomycètes
et champignons). Ces microorganismes naturellement présents dans les
déchets organiques débutent leur multiplication et donc leur
« travail de dégradation et de transformation des déchets
organiques » avec la coupe des déchets verts et la mise en tas
de ces déchets.
> La préparation des matières à composter
1) Le broyage
Cette étape permet de fragmenter la masse et d’augmenter les surfaces pour la prolifération des micro-organismes responsables de la dégradation des déchets organiques. Le broyage n’est pas pertinent pour les gazons, les déchets de cuisine et la plupart des déchets de l’industrie agro-alimentaire. Par contre, il faut l’envisager pour les branchages. Ces déchets verts sont riches en carbone (donc plus lents à se dégrader en l’état du fait de la longueur des chaînes carbonées à scinder), volumineux (peu évidents à manipuler), et cependant nécessaires pour la bonne réalisation du compost (leur rôle structurant essentiel et leur taux élevé de carbone est pertinent dans l’association avec des produits azotés).
Attention, un broyage trop fin va diminuer la porosité du tas des matières en compostage et rendre plus difficile la dégradation des matières en compostage. Une faible porosité à un impact immédiat sur l’apparition de nuisances olfactives.
2) Le mélange
Le mélange permet de créer des bonnes conditions d’humidité dans les tas de matières en compostage. Souvent le mélange est réalisé pour co-composter des produits plutôt liquides et chargés en azote avec des produits ligneux (du bois) dits structurants.
Le broyage et le mélange vont installer les conditions de compostage des matières organiques en influant sur les paramètres prépondérants que sont :
Paramètres Valeurs optimales Intervention Le C/N La porosité L’humidité
25 / 30 60% 60% mélange broyage mélange
Encadré : Le test du poing pour mesurer l’humidité dans les tas de matière en compostage
Le test du poing est un moyen relativement simple et fiable d’apprécier l’humidité au cœur du tas de déchets organiques. Il consiste à serrer dans sa main une poignée de produit en compostage et à observer ce qui se passe :
> Le suivi de la phase de la fermentation active
Cette phase correspond à une intense dégradation des matières organiques consommant de grandes quantités d’oxygène. Il est donc nécessaire d’aérer les tas en vérifiant que le taux d’humidité est optimal (et d’arroser s’il ne l’est pas). Dans une situation d’humidité optimale, le suivi de la température des matières est un bon indicateur de la disponibilité en oxygène permettant la dégradation et l’hygiénisation. Il permet également de piloter les actions mécaniques à réaliser.
Nous préconisons au minimum un relevé de température par lot et par semaine. Le relevé des températures est l’outil de pilotage primordial de la phase de fermentation active qui a lieu sur une période d’au moins 2 mois. Régulièrement des contrôles du taux d’humidité des matières en fermentation sont réalisés.
Le
suivi de la température et du taux d’humidité permet de s’assurer
du bon déroulement des fermentations et de décider d’une
intervention de retournement, d’aération et/ou d’arrosage du
tas.
Voir aussi fiche méthode: « Suivi de la température des matières en fermentation» disponible à cette adresse : http://trame.asso.fr/maj/
> Le suivi de la phase de maturation
Il existe différents moyens pour contrôler la pleine maturité d’un compost.
A côté des tests empiriques (odeur /aspect/ auto échauffement), dont la fiabilité est très liée à l’expertise de l’agriculteur composteur, d’autres tests existent mais leur application est soit peu fiable, soit fastidieuse en routine.
Les méthodes respirométriques visent à mesurer la quantité d’oxygène consommée par un compost. On considère alors qu’un compost est mûr si sa respiration est inférieure à 40 mg O2 / kg MS par heure, soit 15 à 20 fois moins qu’un produit frais. La mise en œuvre de ce contrôle est toutefois difficile.
Les méthodes physico-chimiques comme le dosage du rapport C/N <19 pour un compost mûr), celui de la demande chimique en oxygène (< à 350 mg/l) et celui des formes de l’azote minéral (pauvre en azote ammoniacal). Les deux premiers examens peuvent être facilement réalisés par un laboratoire de chimie agricole. Pour la troisième méthode, des bandelettes « tests » en papier permettent de doser les nitrates (NO3-) et l’ammoniac (NH3) facilement.
Remarque : la mesure du rapport C/N n’est pas une garantie de maturité, c’est son évolution qui est un bon indicateur.
Les méthodes biologiques, notamment le test du cresson, consistent à cultiver une plante en laboratoire pour vérifier l’absence de phytotoxicités. Ce sont les seuls tests qui intègrent l’ensemble des facteurs de phytotoxicités et ils sont à ce titre particulièrement intéressants. Leur mise en œuvre, sans être très simple, est à la portée de tous.
Nous préconisons une période minimum de maturation de 2 mois.
Voir aussi fiche méthode : Principe et réalisation d’un test Rottegrad disponible à cette adresse : http://trame.asso.fr/maj/
Voir
aussi fiche
méthode : Principe
et réalisation d’un test Cresson
disponible à cette adresse :
http://trame.asso.fr/maj/
> Le criblage
Le criblage assure l’obtention d’un produit homogène de granulométrie constante. Il existe deux types de matériel de criblage. Le crible rotatif mobile à maille interchangeable et le crible à étoile. Les performances en terme de débit/heure varient d’un type de crible à l’autre.
Quelque
soit le type de cribleur cette étape est assez sensible aux
conditions météorologiques. Un temps pluvieux rend difficile le
criblage.
> Le stockage
Les
conditions de stockage doivent permettre d’éviter l’éventuelle
contamination du compost par des graines d’adventices. Nous
conseillons aux agriculteurs d’identifier les différents types de
composts produits et de fournir aux utilisateurs les préconisations
d’utilisation au moyen d’une signalétique appropriée.
Le Compostage Réussir son compostage Les techniques